Le château Moncade
Construit sur une butte, le château était protégé par trois enceintes dont il ne demeure actuellement que quelques vestiges. Il est détérioré lorsque les Français s’y refugient à l’occasion d’une tentative d’annexion du Béarn en 1569. Le château Moncade devient propriété de la couronne de France en 1620 lors de l’intégration du Béarn. A partir de cette période, il abrite une garnison militaire jusqu’en 1685. Le château est racheté à la France par les jurats de la ville en 1743, mais son entretien devenant trop onéreux, il est revendu par lots à des entrepreneurs en démolition au lendemain de la révolution. Le logis seigneurial est alors ruiné. Le rachat par la municipalité en 1841 permet de sauver in extrémis le donjon, même s’il est déjà amputé d’un étage. Il est alors couronné de mâchicoulis en béton qui permettent d’en limiter les désordres.
Le fossé du château noble : une géométrie pour tuer
Cet ensemble défensif possède l’un des rares fossés parementés existant en France.
Ce fossé constitue un exemple exceptionnel d’architecture militaire médiévale. Construit entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle, il est remarquable autant par sa structure géométrique originale que par sa finition soignée.
Alors que les fossés des châteaux contemporains ne sont généralement que de simples douves en eau, celui qui entoure la première enceinte du château Moncade préfigure déjà les progrès et les recherches des siècles à venir en matière d’architecture militaire.
L’inclinaison pratiquement verticale des escarpes de même que le soin apporté à l’appareillage des parois du fossé rendaient aux assaillants l’escalade de la contre escarpe très malaisée. Une fois pris dans le piège infernal de ce fossé, ils tombaient sous les flèches et les projectiles des défenseurs sans avoir la moindre possibilité de se replier ou de se protéger à couvert. En effet, le tracé ellipsoïdal de l’enceinte, associé à l’inclinaison de l’escarpe, supprime tous les angles morts pour les défenseurs. Ce chef d’œuvre d’architecture militaire médiévale a contribué à rendre cette forteresse inexpugnable au cours des siècles.
Le système défensif
L’enceinte qui protège l’esplanade du château était équipée sur chacun de ses côtés d’un système original d’archères : une niche, aménagée dans l’épaisseur du rempart et voûtée en berceau, abritait une meurtrière centrale très profonde permettant de battre l’escarpe, et deux arbalétrières latérales permettant le tir flanquant. Cette enceinte était équipée d’un châtelet qui renfermait l’équipement du pont-levis en son rez-de-chaussée. Ce dispositif était surmonté d’une salle de garde au premier étage et d’une chapelle castrale au second étage. Le système défensif était renforcé par une barbacane percée de meurtrières qui contrôlait le chemin vicomtal et dont subsistent quelques vestiges.
Le logis du seigneur
Le logis seigneurial dont il subsiste quelques vestiges intéressants nous est assez bien connu par les descriptions contenues dans les Chroniques de Jean Froissart qui y séjourna en 1388. Il s’appuie sur la face ouest du donjon qu’il prolonge et que la masse énorme de ce dernier protège. Il est couvert d’un toit à double pente dont la trace du larmier est encore visible. Il comprend un rez-de-chaussée et deux étages soutenus par trois piliers. Grâce aux descriptions de Froissart nous savons que le premier étage est occupé par un tinel et une galerie qui regarde sur l’esplanade. L’accès au premier étage se fait par un escalier dont il reste des vestiges intéressants. Cet escalier rampant le long du bâtiment est couvert d’une galerie et est protégé par une porte barrée défendue par une meurtrière percée dans le mur du logis.
Le donjon
Le donjon, situé au centre d’une cour délimitée par une première ligne de fortification de forme pentagonale, est l’élément principal du château d’Orthez. Il est de forme pentagonale au sol et heptagonale à partir du premier étage. Il présente un éperon au nord-ouest regardant le chemin vicomtal qui permet de dévier les éventuels projectiles de machines de jet.
Il est composé de quatre niveaux séparés à l’origine par des planchers. Actuellement Il n’y a qu’un seul plancher réalisé lors des aménagements de 1989.
Son rez-de-chaussée est percé d’immenses fenêtres au nord et au sud. Elles ont l’apparence de larges et hautes archères largement ébrasées et éclairent le niveau. La porte ogivale qui y donne actuellement accès n’a été percée qu’au XIXe siècle. Auparavant, la liaison entre ce niveau de basse-fosse et le premier étage se faisait par un escalier en bois comparable à celui existant actuellement.
Selon la légende, ce cul de basse fosse aurait servi de salle au trésor et de prison. Cette salle aurait été le lieu où s’est déroulé le drame de la cour d’Orthez : l’assassinat par Gaston Fébus de son propre fils.
Le premier étage du donjon était occupé par une salle des gardes. Le seul accès possible au donjon, pièce maîtresse et ultime du système défensif, se faisait par les étages du logis seigneurial.
Ce niveau à vocation essentiellement défensive est percé de trois niches d’archères en plein cintre aux proportions imposantes et d’une fenêtre haute logée à trois mètres du plancher. Une porte à linteau surmontée d’un assommoir dissimulé dans une niche et accolée à la salle de la maison aujourd’hui détruite constituait l’accès principal de la tour.
Une seconde porte, à l’angle du mur nord, ouvre sur un escalier droit très étroit qui conduit directement au deuxième étage. Constitué d’environ soixante-dix marches, cet escalier est ménagé à l’intérieur du mur nord du donjon. Il est éclairé par deux fenêtres en forme de meurtrières opposées de part et d’autres des marches, l’une s’ouvrant vers l’extérieur et l’autre vers la salle des gardes. Ces ouvertures permettaient à la lumière du jour comme à la lumière des torches de la salle des gardes d’assurer à l’escalier un éclairage permanent.
Les étages supérieurs, communiquant entre eux grâce à un escalier à vis permettant d’accéder au sommet de la tour, semblent avoir été dévolus à des fonctions résidentielles. Ils sont équipés d’imposantes cheminées et de larges fenêtres à coussièges permettant de jouir du panorama de la campagne environnante.
Les remparts de la ville
A la fin du XIIIe siècle, chacun des bourgs d’Orthez était entouré d’une enceinte dont-il ne demeurent que quelques vestiges mais dont on peut encore aujourd’hui rétablir le tracé en suivant les grands alignements urbains.
Le Bourg Moncade
Le bourg Moncade était muni d’une enceinte liée au système défensif du château par une barbacane donnant sur le chemin vicomtal. Au sud, des vestiges encore visibles correspondent aux alignements de la rue des Remparts. Le Bourg Neuf et le Bourg Moncade étaient alors séparés par un fossé d’une vingtaine de mètres que l’on franchissait à l’aide d’un pont-levis de la largeur de la rue Mimonce.
Le Bourg-Neuf
Les vestiges des remparts du Bourg Neuf revêtent leur aspect le plus spectaculaire au surplomb d’une voie qui a conservé l’appellation caractéristique de « Poustelle » à l’ouest du bourg. Sur le rempart, à l’angle de la rue des Remparts et de la rue de la Poustelle, une tour de défense domine. Cette dernière a été édifiée plus tardivement à la toute fin du XVIe siècle.
Le Bourg-Vieux
Le Bourg-Vieux était entouré d’une enceinte particulière dont les derniers vestiges sont visibles sur le bord du Gave, aux abords du Pont-Vieux.
Plusieurs tours qui flanquent les remparts, aux trois-quarts circulaires et dotées pour certaines de meurtrières destinées à des armes à feu, ne semblent pas être apparues avant la fin du XVIe siècle.